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Le journal Vidange est né d'une volonté commune à quelques individuEs
et groupes d'affinités – des milieux anarchistes, anti-autoritaires et squatters -
de se retrouver autour de thématiques plus larges que celles, devenues quasi
exclusives ces derniers temps, de l'anti-carcéral et de la répression. (Bien
que ces sujets soient incontournables dans la situation actuelle, et que la
solidarité active s'impose à l'évidence avec les camarades subissant ou fuyant
les foudres de l'Etat.) Du désir également de solidifier et diversifier des
complicités qui s'étaient nouées, sur des proximités théoriques et pratiques,
au fil des ouvertures de lieux, des campagnes de solidarité et de lutte, des
manifs, des contre-sommets spectaculaires et autres rendez-vous fixés par le
pouvoir, sur lesquels nous nous calons trop souvent (manque d'offensive). C'est pourquoi les participant/es à Vidange – bien que déterminéEs
à dépasser certains réflexes de pensée et de langage, et à déborder les prés
carrés thématiques habituels –, critiquent très vivement et, le cas échéant,
luttent contre ceux et celles qui soufflent un air du temps pour ainsi dire
postmoderne : où les préoccupations majeures sont celles qui touchent à l'individu,
aux modes de vie et aux subjectivités ; où, par conséquent, la préservation
de ceux-ci et des lieux où on les expérimente se fait parfois au prix de l'antagonisme
social, au détriment des praxis qui constituent le rapport de force (squats,
refus de la légalisation, des médiations, confrontations aux forces de l'ordre
et autres uniformes). La gageure de Vidange est donc celle-ci : multiplier les sujets de réflexion, les formes d'expression et les informations, ne pas afficher de strict parti-pris collectif, tout en évitant les écueils décrits ci-dessus et le ton béat et lénifiant (propres à certaines franges de squatters auto-centrés) ; tout en préservant une cohérence des perspectives. La tâche de diversification est rendue plus aisée par le mode de fonctionnement du journal : pas de comité de rédaction ou d'équipe définie, mais des participations et contributions qui se font au gré des envies et des complicités ; discussions et critiques collectives des textes (lors de diverses réunions échelonnées entre deux numéros) ; possibilité de proposer des textes sans participer à l'ensemble du journal ; volonté que les participantEs régulièrEs s'approprient les différents aspects de sa fabrication. Bien sûr, les envies quant au contenu du journal se heurtent à nos propres limites : nos ignorances dans de nombreux domaines, nos difficultés coriaces à aborder certains thèmes, la pauvreté de nos passions, les ornières de la rhétorique correcte qui confine parfois à la rengaine. Quant au fonctionnement, il se heurte à des considérations de nombre
(insuffisant pour l'instant), de motivations (parfois), à ce qui peut apparaître
comme une limite intrinsèque au choix de faire la place à des thèmes ou textes
moins rodés : du coup, peut-être le sentiment d'un sombre bordel, livré tel
quel, sans aiguillage ni unité apparente. Vidange est à l'image de ceux qui
le font et le feront : faisant feu de tout bois mais faillant à tant, en guerre
ouverte et asymétrique – adaptée aux configurations ; portant le glaive sur
le sourire des maîtres et des contre-maîtres, schizophrènes, avides d'amour,
de noise'n roll furieux et de silence abyssal. |