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Technophobie/-- « Wir Stellen uns Quer » « Nous Faisons Barrière »

 

L’expérience des actions et manifestations qui ont empêché des transports de déchets nucléaires en Allemagne en 2004, a motivé, de nouveau en 2005, de nombreuses initiatives anti-nucléaires ; comme la campagne « Wir stellen uns quer ». Des déchets nucléaires de l’ancien réacteur de recherche, datant de l’époque de la RDA, devaient être transportés entre le 30 mai et le 14 juin, de Rossendorf (à côté de Dresde) à Ahaus (dans le Land Nordrhein-Westphalen - NRW), ville où se trouve un site central de stockage provisoire (SSP).La particularité de ces convois était de transporter les 18 conteneurs dit castors* en trois fois, trois lundis successifs, avec des poids lourds sur des autoroutes (600 km environ). Le concept du jour X s’élargissait alors au concept du jour X+4 correspondant aux cinq transports nécessaires entre ces deux villes.

C’est à dire 3 aller et 2 retour effectués par des camions aménagés pour l’occasion. Cinq possibilités de résistances multiples qui se sont concrétisées de la manière suivante : différentes manifestations citoyennes et un peu moins citoyennes bien suivies, réparties le long de la route et à côté, une caravane de vélos et roulottes (Bauwagen), différents blocages de rue persévérants. En Saxe, particulièrement autour de Dresde sur les 20 km de route nationale jusqu’à l’autoroute, les castors ont été bloqués et sont donc partis avec du retard. A la fin de la route vers Ahaus aux deux accès au SSP1 se sont regroupés plusieurs centaines de personnes. Dans les différents lands le long de l’autoroute avait lieu des camps anti-nucléaires. Les jours X, les informations sur la situation géographique des castors, les tactiques des flics d’un coté et le déroulement des actions de l’autre ont circulé via Internet avant et pendant l’évènement, par messages et par infoline.
Finalement le passage des transports n’a pas pu être empêché notamment à cause d’une feinte des flics qui ont fait passer à la fin les castors secrètement sans phares par des petits chemins dans les champs jusqu’au SSP. Après l’arrivée, des affrontements ont éclaté entre une centaine de flics et plusieurs centaines de manifestants voulant entrer en force dans le SSP en jetant divers objets et en renversant les camions de police. Cela a duré quand même deux heures. La veille du dernier transport 3000 personnes se sont retrouvés devant la gare à Ahaus.

C’est la première fois depuis 7 ans que les transports castors passent par l’autoroute. Il est clair qu’il s’agit d’un moyen pour voiler la question, non résolue, de l’élimination de déchets du nucléaire. L’idée d’un stockage provisoire ne fait que repousser le problème à plus loin, à d’autres générations et dans d’autres lieux. Les transports castors ne sont pas un chemin vers la sortie du nucléaire, comme le dit l’Etat allemand, mais favorisent justement d’autres transports, en l’occurrence ceux vers l’usine de plutonium de La Hague et du réacteur de recherche à côté de Munich, proche d’Ahaus. Les problèmes de sécurité ne sont pas au premier plan, ces derniers transports castors sont exemplaires. Les conteneurs castors sont insuffisants pour un stockage de 40 ans, à cause de détériorations, ignorées officiellement. Le site de stockage provisoire était, sous des aspects techniques, plus moderne à Dresde qu’à Ahaus mais datait d’une autre époque... Les transports réalisés mettent en danger de nombreuses personnes et servent aux intérêts des gouvernements et des entreprises spécialisées.

Le pas en arrière tactique du gouvernement de NRW s’explique en première vue grâce aux protestations des initiatives anti-nucléaires ; l’accord sur les dates fut un enjeu dans les élections régionales pour les « verts-rouges ». L’hypocrisie du gouvernement allemand sur la sortie du nucléaire est évidente. Il dépense de grosses sommes pour défendre les transports face aux manifestants. A Ahaus des troupes spéciales ont été stationnées pendant les semaines suivant l’arrivée des castors. Depuis le début de l’année 2005, le débat se déchaîne sur un élargissement des tests ADN à certains petits délits, ainsi qu’aux manifestants anti-nucléaire... Le mythe d’un état anti-nucléaire se brise clairement, l’Allemagne entretient le nucléaire, en augmente sa consommation. En harmonie avec l’union conservatrice CDU/CSU le gouvernement vert-rouge lance la construction d’un nouveau réacteur à Garching, il donne des garanties d’existence pour les centrales nucléaires en route, il favorise l’agrandissement des usines d’enrichissements d’uranium à Gronau, il planifie des sites de stockage permanent à Gorleben et continue à permettre des transports, entre autre à Gorleben, Ahaus et Gronau. Il finance aussi l’accord nucléaire franco-allemand et la construction de nouvelles centrales à travers le monde...

 

 

Que ce soit un gouvernement de « gauche » ou de « droite », que ce soit un gouvernement qui prétend être pour ou contre le nucléaire, ça ne change rien. La consommation d’énergie est de plus en plus grande, or les ressources énergétiques ne peuvent pas l’assurer sans le nucléaire. Depuis la deuxième guerre mondiale les recherches dans ce domaine ne sont tournées presque que sur le nucléaire et ses applications.
La question n’est pas de savoir s’il faut une croissance « propre ou sale », une croissance ou une décroissance. Le problème n’est pas non plus la production d’énergie mais pourquoi nous avons la nécessité de tant d’énergie, à quoi et à qui sert le « progrès »... Pour sortir du nucléaire, il faut regarder en face la société qui l’utilise et s’en débarrasser.


* Un castor est un récipient contenant des produits radioactifs pour être transporté dans des camions ou des trains.

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