Répression = technique étatique naturelle s'intégrant dans tout mouvement, concept repris par les organisations politiques et syndicales pour feindre l'évidence...

Anti-répression, Piège à Cons

Encore et toujours le même vécu, un mouvement se lance, la justice tente une percée, le mouvement se meurt. Il y a des constats simples à faire, celui-ci est répétitif. L'unique vocation des chiens démocrates nous sifflent les oreilles, les slogans malsains sont lâchés, les outrés aussi. Depuis que la justice est venue foutre le nez dans le mouvement lycéen, les organisations politiques s'émeuvent, lancent des communiqués, appellent aux rassemblements, aux meetings de soutien. Mais où étaient-ils quand nous occupions les toits, quand nous combattions les CRS, quand nous défenestrions les ordinateurs et les tables, quand nous chahutions les gros bras des services d'ordre pour pénétrer dans leur meeting tout naze ? Ils étaient le cul sur une chaise à attendre, attendre qu'il se passe peut être quelque chose, oh non je sais, à attendre que les Français votent non. Non à l'Europe libérale, oui à l'Europe des policiers gentils qui joueront avec les enfants, à celle de l'éducation douce, pour finir dans une société sympa dans laquelle on prendra du bon temps... Ah les beaux jours, la France est rebelle, on a voté non. Nous ? Allez vous faire foutre, nous on sait ce qu'on a fait. On s'est bien marré dans la rue quand on balançait des cailloux sur les flics, quand on disait aux RG que c'étaient des gros porcs, quand on a pété la porte d'entrée d'un lycée pour l'occuper. On se sentait bien pour une fois. Plus de vieux professeurs pour nous apprendre à désapprendre, plus d'appel en classe pour savoir si on est là, plus de stress au fond de la classe, plus de cette caserne où l'on nous bassinait avec la réussite, plus de jours à rester seul. Ces moments, on les a vécus comme des mômes, on était vachement contents, on disait que les syndicats étaient des neutralisateurs et des pacificateurs, les JCR on les comparait à des flics. Et puis les chefs on leur a craché à la gueule, putain ce qu'on est cons, franchement on aurait dû se faire un mec de l'UNL ou de la FIDL, oh oui ç'aurait été bien ça. Ils nous ont bien pourris quand on était sur l'annexe du ministère, faut dire qu'ils devaient avoir la rage, le mouvement ne leur appartenait plus, ils pouvaient même pas nous dire comment il fallait faire. Non, nous on est grands maintenant, on est plus obligés de faire des tours de parole dans les AG, on n'est pas cons eh, on sait s'écouter quand même, putain j'y crois pas ils veulent nous imposer leurs normes à la con, eh oh nous on n'en veut pas de leurs normes. Et puis je me rappelle quand on se retrouvait dans les manifs sauvages, c'était chouette ça ! On courait comme des oufs dans la ville, elle était à nous, et au moins on les dérangeait, et non pas comme les manifs traîne-savates, c'est chiant ça, on dirait une parade, et puis je suis pas venu parader moi, surtout derrière des camions à gueuler leurs slogans trop nazes « lycéens en colère y'en a marre de tralalère.» « yé yé les... ». Oh non franchement ça craint. Je me croyais à la fête de l'huma « tu veux des frites Robert », « oh regardes chéri, un briquet Che Guevara » ; putain la honte. Enfin bon ça c'est sûr, c'est les syndicats ça, frites, merguez pour les gauchistes syndicalistes, drapeaux et ornements pour ceux qui font de la politique. La belle politique... avec plein de pin's et de drapeaux, comme c'est beau !! Surtout faut pas déranger, hein, ah non c'est pas bien, c'est la coord qui l'a dit, faut pas faire des trop grosses actions sinon prison. De toute façon maintenant ils sont tous là, les parents, les orgas, les partis, ils viennent tous nous défendre, merci, vous êtes trop gentils, et surtout vous arrivez toujours au bon moment, comme les héros de mangas !! Trop fort l'aide qu'ils nous donnent, après avoir bien chié sur le mouvement et ses actions, on veut bien vous sucer la queue pour se faire pardonner, un peu d'argent pour les avocats, pour les tracts ?? Tiens, prends cette claque, toi qui nous a jamais aidés, toi qui nous matais à la télé, toi qui militais dans tes bureaux, toi qui défends l'école et ses méthodes, toi qui aimes les flics et les respectes, toi qui votes et te crois subversif, toi le gauchiste qui pense avoir toujours raison, toi le citoyen outré par les sanctions !! Eh mais tu crois quoi ? Que l'Etat allait gentiment se laisser faire, qu'on allait jeter nos projectiles sur les bleus et que l'Etat laisserait faire ça, qu'on saccagerait l'annexe du ministère et qu'on nous remercierait, qu'on occuperait les toits des lycées et qu'on nous apporterait de l'eau ?? Toi qui crois ça, restes chez toi, au lieu de gémir dans la rue et de te sentir offensé par cet excès. Ta vie, on n'en veut pas, on veut pas être des bêtes à travail, on veut pas être des scolarisés qui pensent le respect. On respectera pas vos lois qui nous broient chaque jour, on ne laissera pas vos valeurs morales nous traverser, on se fout de vos Playstations et de votre discipline, on veut pas de bleus qui nous surveillent, ni de profs qui nous tranquillisent, ni de parents qui nous responsabilisent, ni de partis et de syndicats qui nous dictent leur voies, car nous seuls sommes responsables et autonomes de ce que nous faisons. Car le monde de demain sera à nous, ce sera à nous de décider. Et vos règles, foutez-les vous au cul car on s'en fout de votre dignité, irrespect total pour les alliés du capital. Guerre, sabotage, actions directes contre le système, contre ses défenseurs et ses participants.

A bas les chefs !
Vive nous ! Vive la lutte !
Vive le sexe !
Vivement la prochaine émeute !
Tout ça n'attendra pas !
Vive l'immédiateté et
la spontanéité ! A bas l'attente !
Guerre, dans la rue, ici, partout !

Tract distribué à Paris lors du
mouvement lycéen du printemps 2005.