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« Informatique de Confiance » Contrôle de Masse
Ce texte na pas pour vocation de poser
des questions soulevées par lusage de linformatique, de plus
en plus répandu et pour ainsi dire incontournable, y compris dans la
diffusion des idées antagonistes et anti-technologiques...Un paradoxe,
certes ; un vaste sujet où sabîmer, car ces « nouvelles
formes de communication » et de contrôle touchent à tous
les aspects de notre existence et modifient notre rapport au monde, les formes
et perspectives de lutte.
Ici, il sera simplement question de lévolution
technique des moyens de contrôle internes à loutil informatique.
La plupart des communications et outils de productions sont contrôlés
par linformatique. Cette informatique que lon connaît aujourdhui
est, en grande partie, la suite dune succession de batailles commerciales
(le « Personnal Computer », le dit PC, nest quun assemblage
de telle et telle marque). Par sa conception, linformatique nest
quun moyen de contrôle et duniformisation (logiciels propriétaires
et systèmes dexploitation exclusifs).
Pour renforcer sa main-mise sur linformatique, la grande industrie prépare
la commercialisation du système Palladium (Microsoft), récemment
rebaptisé Next-Generation Secure Computing Base (NGSCB), qui équipera
la plupart des micro-ordinateurs dans les années à venir. Ce logiciel
est présenté comme un gage de lintégralité
(ou intégrité) du système (lensemble des programmes
qui constituent le bon déroulement des opérations attendues).
Il contient tout un dispositif de vérification et dauthentification
des licences installées. Il nautorisera le lancement de tel programme
que si un certificat est conforme aux droits alloués par un serveur distant.
Il accueille un système de cryptage englobant les données transmises
à travers les différents composants de la machine, rendant ces
données non lisibles par des composants non conformes.
Le TCPA (« alliance pour une informatique
de confiance » Trusted Computing Platform Alliance, en anglais),
est un projet développé par Intel, « une nouvelle plate-forme
informatique pour le prochain siècle qui améliorera la confiance
dans le monde PC ». Il est doté dun composant de surveillance
et dalerte à insérer dans les futurs ordinateurs (une
simili carte à puce ou un périphérique soudé
à la carte-mère). Couplé avec avec le Paladium, cela
débouche sur une plate-forme informatique sur laquelle vous ne pourrez
pas modifier les logiciels, et où les éditeurs peuvent venir
consulter les licences librement et de manière sécurisée.
La « gestion numérique des droits » (DRM ou Digital Rights
Management) en est lapplication la plus évidente : Disney et
consorts pourra vous vendre des DVD qui seront décodés et
lus sur une plate-forme Palladium, mais que vous ne pourrez pas copier.
Les maisons de disques pourront vous vendre de la musique en ligne que vous
ne pourrez pas échanger. Ils pourront vous vendre des CD que vous
ne pourrez écouter que trois fois, ou bien seulement à votre
anniversaire. Toutes sortes de nouvelles variantes marketing deviennent
possibles. |
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Les mécanismes conçus pour effacer
à distance de la musique piratée pourraient être utilisés
pour effacer des documents quune cour de justice (ou une société
dinformatique) aurait déclarés injurieux. Il pourrait sagir
aussi bien de textes critiques, de pornographie, etc. Les éditeurs de
logiciels pourraient aussi rendre plus difficile le passage vers les produits
de leurs concurrents ; par exemple, Word pourrait verrouiller tous vos documents
en utilisant des clefs auxquelles seuls les produits Microsoft auraient accès
; cest-à-dire que vous ne pourriez les lire quen utilisant
des produits Microsoft, et avec aucun autre traitement de texte concurrent.
Il sera beaucoup plus difficile avec TCPA/Palladium dutiliser des logiciels
sans licence. Les logiciels piratés pourront être détectés
et effacés à distance. À côté de la vente,
la location des logiciels sera mise en place ; et en cas de cessation de paiement
du loyer, non seulement le logiciel ne fonctionnera plus, mais peut-être
aussi les fichiers quil a créés.
La mise en place dun tel système
de contrôle concrétise un processus complexe et acharné
dasservissement, auquel cest une gageure déchapper.
Il est urgent, pour ceux et celles qui utilisent loutil informatique,
de briser les rôles développeur/utilisateur et de mettre en avant
des pratiques collectives. Certes, il est possible dutiliser telle ou
telle alternative, mais de plus en plus, elles se tournent vers une reconnaissance
et des logiques commerciales. Quelques-unes proposent différents systèmes
dits libres (sous licence « libre », il est possible, entre autres,
davoir accès à la source des programmes afin de les «
refaire » et les adapter à lusage voulu, puis den proposer
la nouvelle version sans devoir payer de droits). Certaines sont même
entièrement conçues sous cette licence, et sont le fruit du travail
en commun de nombreux programmateurs. Mais dautres vendent leur distribution
(coeur du système et ensemble de programmes sélectionnés
; développement de différentes plate-formes Linux, par exemple,
qui sont désormais payantes), ne mettant en avant que léconomie
dun tel choix. Lalternative se résume alors au choix de lenvironnement,
mais la pratique en reste identique : confiante, comme ils disent.
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